Pourparlers RDC-M23 de Luanda : voici les raisons pour lesquelles l’honorable Jules Vayihekya n’est pas d’accord avec ces assises
17 mars 2025Depuis le 11 mars 2025, date à laquelle la Présidence angolaise a annoncé la tenue du dialogue direct entre le gouvernement de la RDC et le groupe terroriste M23, les réactions au sein de la société civile et de la classe politique congolais varient considérablement. Certains, comme la CENCO et l’ECC, plaident en faveur de ce dialogue arguant qu’il s’agit là d’une voix de sortie de crise pacifique.
D’autres, en revanche, considèrent que c’est une mauvaise idée, car le président ne devrait pas se contredire après avoir déclaré fermement qu’il ne dialoguerait jamais avec les marionnettes du M23. Tel est l’avis de l’honorable Kasereka Vayikeya Jules, acteur politique congolais. Pour lui, tout échange avec le groupe terroriste n’est pas seulement une humiliation, mais également un risque pour la République, car il témoigne de l’incapacité du gouvernement à mettre un terme à la provocation et à l’agression de la nation par le Rwanda. S’exprimant à travers une tribune publiée le 15 mars 2025, ce stratège et acteur politique congolais a justifié sa position par quelques faits probants.
En effet, écrit Kasereka Vayihekya Jules, tout dialogue direct avec le M23 est en faveur du Rwanda à ce sens que :
- Le Rwanda/M23 réussirait à intégrer de nouveau ses militaires dans l’armée nationale (consolidation de l’infiltration de notre armée) ;
- Le M23/Rwanda envisagerait de réintégrer certains cadres rwandais au sein de l’administration congolaise ;
- Toute trêve offrirait au M23/Rwanda l’opportunité de se restructurer, s’intensifier et reprendre l’assaut ;
- Les pourparlers pourraient conduire à un retrait partiel du M23 de certaines zones occupées, tout en conservant son influence sur l’Est de la RDC, d’où la persistance de la menace sécuritaire ;
- Le dialogue de Luanda offrirait l’opportunité au Rwanda de se laver de toutes les infractions commises sur le territoire congolais, lui permettant ainsi de se présenter comme un pays innocent auprès de ses alliés occidentaux et d’éviter des sanctions ;
- Ce dialogue tentera de donner une légitimité au groupe terroriste M23. En revanche, certains groupes armés wazalendo pourraient se sentir frustrés en voyant cette attitude comme une trahison de leur lutte de protection de leurs terres et leurs habitants dans l’est du pays ;
- De plus, le dialogue paraît être une stratégie de contournement des Européens pour empêcher la RDC de signer l’accord sur les minerais avec les États-Unis.
En revanche, poursuit l’acteur politique, on pourrait convoquer un dialogue national impliquant les acteurs politiques congolais (Union sacrée, opposition, églises, wazalendo). Au cours de ce dialogue, l’on devrait plancher sur plusieurs points. Kasereka Vayihekya Jules cites notamment le renforcer de la confiance et l’harmonie nationale (gouvernance efficace, combat contre la corruption, lutte contre le favoritisme et le clientélisme, rassurer les intervenants politiques sur l’intégrité des élections de 2028, etc.), l’accroissement rapide des capacités offensives des wazalendo, l’élimination urgente des agents étrangers et traîtres congolais infiltrés au sein de l’armée et des services de sécurité. A ces points s’ajouteraient l’ouverture urgente des centres d’instruction pour les nouvelles recrues militaires dans toutes les provinces, l’amélioration de la motivation et des militaires FARDC et de leurs dépendants sans oublier la lutte absolue contre la discrimination et le harcèlement envers les Congolais qui parlent swahili en vue de sauvegarder l’unité nationale et la fourniture de l’équipement militaire de nouvelle génération, conclut le stratège et acteur politique Kasereka Vayikeya Jules.
Pour d’autres analystes, peu importe la voie empruntée, l’essentiel est d’aspirer à la paix bien que fragile. Une autre frange de la population congolaise reste sceptique, prête à accepter n’importe quel plan tant qu’il garantit une paix, même précaire, pour le peuple. Pour rappel, à maintes reprises, le chef de l’Etat avait juré qu’il ne dialoguera jamais avec ceux qu’il a qualifiés de «pantins, de coquille vide». Ce narratif a changé depuis la prise des villes de Goma et de Bukavu par l’armée rwandaise et ses supplétifs du M23.
Les pourparlers entre les deux parties démarrent à Luanda, capitale angolaise, ce mardi 18 mars 2025, selon le communiqué lancé par le médiateur.
La Rédaction